Qu’est-ce que le travail décent?
Le concept de « travail décent » apparaît pour la première fois en 1999, quand l’Organisation Internationale du Travail (OIT) a déclaré que chaque individu a droit à un « travail décent », c’est-à-dire : la possibilité d’accéder à un emploi, une rémunération appropriée, la sécurité au travail et des conditions de travail salubres. La notion de travail décent ne s’applique pas uniquement aux travailleurs et travailleuses de l’économie formelle, mais également aux salarié.e.s en situation informelle.
Protection
Chaque jour 6.300 personnes meurent d’un accident de travail ou d’une maladie liée à l’exercice de leur travail, ce qui équivaut à 2,3 millions d’accidents chaque année.
Le travail décent doit assurer « la sécurité sur le lieu du travail et la protection sociale pour les familles ». Malheureusement, les violations du droit de travail continuent à être dévoilées. Dans de nombreux pays, les normes de sécurité sur le lieu de travail font défaut.
De plus, 12 millions de décès annuels sont dus à un environnement malsain. En effet, les firmes exposent souvent leurs travailleurs/-euses à des substances toxiques, et rejettent des eaux non traitées qui contaminent les cours d’eau et ainsi mettent en péril la vie des habitants dans les alentours.
Au Cambodge, l’industrie textile emploie près de 800.000 travailleurs (2017), majoritairement des jeunes femmes entre 18 et 22 ans. Les ouvriers et ouvrières se plaignent souvent d’une mauvaise ventilation dans les fabriques et des maux de têtes provenant des forts produits chimiques et des colles pour chaussures qu’ils inhalent toute la journée. En 2017, 1603 cas d’évanouissement ont été signalés !
Source : « la malédiction du textile cambodgien » – L’écho/Belgique
Un autre exemple représentatif est l’effondrement du Rana Plaza en avril 2013 dans la capitale du Bangladesh. Cet événement a causé la mort de plus de 1100 personnes et encore plus de blessés. Le bâtiment hébergeait plusieurs ateliers de confection pour les grandes marques internationales de vêtements. Le jour avant l’effondrement de l’édifice, des fissures étaient apparues dans les murs et des consignes d’évacuation avaient été données mais les responsables des ateliers ont ignoré ces indices et ont continué la production.
Dialogue
Dans 70% des pays du monde, les salariés ne bénéficient pas d’un droit de grève. Dans 60% des pays, l’Etat refuse ou limite sévèrement la négociation collective, ce qui empêche l’amélioration des conditions de travail.
Le travail décent implique « la liberté pour les individus d’exprimer leurs revendications, de s’organiser et de participer aux décisions qui affectent leur vie », ainsi que « de meilleures perspectives de développement personnelle et d’insertion sociale ». Sur 144 pays du monde entier, le nombre de pays empêchant la création de syndicats est passé de 86 (en 2019) à 89 (en 2020). Comme les chaînes d’approvisionnement ont tendance à s’allonger, le travail intérimaire est en forte augmentation et les entreprises-mères ont de moins en moins de contrôle sur l’ensemble de leurs fournisseurs, le pouvoir de négociation des travailleurs et travailleuses est fortement restreint ce qui favorise, un rapport de force asymétrique entre employeur et employé.
Rémunération
Plus de 300 millions d’employés dans le monde vivent avec un salaire de moins de 38$ par mois, alors qu’un minimum de 283$ par mois leur serait nécessaire pour couvrir leurs besoins de base (alimentation, habillement, loyer, santé, protection sociale, éducation et épargne).
Il faut faire la différence entre :
- salaire minimum légal = rémunération minimale imposée par une loi
- salaire minimum vital = montant minimal permettant de couvrir les besoins de base d’un individu ou d’une famille
Source : « L’essentiel sur le salaire Vital en un coup d’oeil » – Fair-Fashion/Suisse
Concernant la rémunération, le travail décent prône « l’accès à un travail productif et convenablement rémunéré ». Une rémunération équitable et satisfaisante doit permettre à quiconque de lui assurer, ainsi qu’à sa famille, « une existence conforme à la dignité humaine » selon la Déclaration universelle des Droits de l’Homme. Alors que beaucoup d’entreprises déclarent qu’elles payent un salaire minimum légal à leurs employé.e.s, différentes documentations montrent que ce dernier est souvent en-dessous du salaire minimum vital des différents pays respectifs.
L’Asia Floor Wage Alliance (AFW), une alliance composée de plus de 70 organisations de base asiatique, a développé un indicateur de calcul du salaire vital pour l’Asie. Pour prendre l’exemple du Cambodge, le gouvernement a élevé le salaire minimum pour les employé.e.s dans le secteur du textile à 170$ par mois fin 2017!
Égalité
Pour chaque pièce de vêtement vendue, le/ la couturier/-ière qui l’a fabriqué ne gagne qu’entre 0,5 et 3% du prix final. Plus les travailleurs et travailleuses se trouvent dans les maillons initiaux de la chaîne de production, plus ils/ elles font face à des conditions de travail précaires.
Pour cette raison, le travail décent met l’accent sur « l’égalité des chances et de traitement pour tous, hommes et femmes ».
L’inégalité croissante entre pays développés et pays en développement met gravement en danger ce dernier objectif. Un des exemples le plus représentatif est la répartition du revenu généré par un produit : les dirigeants des grandes entreprises britanniques gagnent en moyenne 2.000 fois plus qu’un.e travailleur/-euse du textile au Bangladesh.
Source : « La mode éthique, c’est trop cher? » – Dreamact/Europe