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ARTICLE – Travail forcé d’enfants Roumains à Paris
Article - Le Mode
Un documentaire sans stigmatisation ni jugement met en lumière l’emprise sous laquelle agissent les bandes de jeunes Roumains à Paris.
Il y a des affaires, des enquêtes, des problèmes qui collent comme le sparadrap du capitaine Haddock et semblent ne jamais devoir trouver de résolution.
C’est le cas de ces enfants et ados roumains, issus d’une communauté rom sédentarisée de longue date, qui font partie du quotidien des usagers du métro parisien depuis des années. En bandes plus ou moins grandes, dans lesquelles les filles sont souvent plus nombreuses que les garçons, ils arpentent le réseau toute la journée pour dépouiller touristes et têtes en l’air. Leur butin, plusieurs centaines d’euros par jour, impressionne : il témoigne surtout des longues heures passées à guetter le bon client tout en déjouant la présence policière. Car tant qu’ils n’ont pas atteint la somme requise par les adultes qui les exploitent, ils ont interdiction de rentrer chez eux.
Réalisé par Olivier Ballande, Trafic d’enfants fait le point sur ce phénomène sur lequel les autorités françaises, roumaines et les instances européennes achoppent. Malgré son court format, qui peine à couvrir toute la complexité de son sujet (un second volet est en cours de tournage), ce documentaire réussit à expliquer, sans stigmatisation ni jugement, les mécanismes de ce type de criminalité, où les enfants sont à la fois les délinquants et les victimes d’une forme d’esclavagisme. La caméra suit sur une année le travail de fourmi des enquêteurs et des juges, dans les deux pays qui collaborent activement depuis 2017, ainsi que les réunions au niveau européen, au cours desquelles des solutions communes sont élaborées.
Système d’aliénation familiale
La mendicité exportée de Roumanie apparaît au début des années 1990, explique Olivier Peyroux, sociologue et spécialiste de la traite des mineurs en Europe de l’Est, au cours d’un séminaire. Des Roumains handicapés, non roms, sont alors envoyés en France. Viennent ensuite de jeunes garçons, exploités sexuellement, puis les voleurs de parcmètres. Les bandes du métro sont la dernière production d’un système entretenu par un tout petit groupe de personnes – quelques dizaines de familles, toutes issues du même quartier de la ville d’Iasi – qui forment un véritable clan, avec ses codes et sa loi du silence. Plutôt que d’échapper à la pauvreté, il s’agit d’entretenir le train de vie des chanceux restés au pays : alors que les enfants envoyés en France pensent aider leurs parents à survivre, ils subventionnent mariages luxueux, grosses cylindrées, maisons neuves… visibles par tous sur Facebook.